20 mars 2018adminLaisser un commentaire
Intervenant : Ronan Kerdreux
Musée des Civilisations d’Europe et de Méditerranée dit MUCEM, Marseille, 2002-2013
Architecte : agence Rudy Ricciotti
Les arguments avancés par Rudy Ricciotti pour accompagner le projet du Mucem sont pour ceux que je connais essentiellement d’ordre historiques et urbains. Un face à face avec l’histoire de Marseille, un dialogue avec le Fort Saint-Jean construit à l’origine plus pour surveiller Marseille que pour la défendre contre un envahisseur inconnu, une revendication méditerranéenne voire provençale, provinciale, métaphorique, un contexte fort et complexe… Je crois qu’il en parle mieux que moi (c’est heureux !) :
« À la massivité du Fort répond la dématérialisation du MuCEM. Ce dernier est amical avec le Fort Saint-Jean. Il est mat, sans les stigmates de la néo-modernité ni les signes névrotiques de la déconstruction. Il refuse les affirmations esthétiques de l’hégémonisme international. Il est plutôt osseux, féminin, fragile et même maniéré. Il est provincial, localisé, provençal, contextuel.
La circulation extérieure par rampes périphériques au musée procède du mouvement de la zigourat et devient cheminement long et initiatique conduisant à la terrasse reliée au Fort Saint Jean par une passerelle. La nature de ce projet relève de l’archétype ancien. C’est une linguistique irrationnelle du point de vue de la dictature fonctionnaliste. La peau et les os, la maigreur structurelle, l’absence de reflet et de matité, renvoient à la métaphore de l’espace méditerranéen. La Méditerranée est un voyage mental et non un extrait de naissance. C’est par croyance que ce musée se situe au sud.
La filiation avec une mémoire orientaliste lointaine marque le MuCEM. Par ses différents filtres solaires, il porte ses ombres sur la figure. Enraciné dans son contexte, il est la présence emblématique de l’Etat républicain à Marseille et une main tendue à la cité phocéenne rebelle. Cet édifice se reconnaîtra latin, dans un paysage minéral et méditerranéen, dans ses intuitions contextuelles. »
Texte complet présent à l’adresse http://www.academie-des-beaux-arts.fr/lettre/minisite_lettre72/Deux_villes_deux_musees.html