histoire(s) du design, Ronan Kerdreux
Définition du musée
Un musée est une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de délectation.
Statuts de l’ICOM art.2 §.1
NB : ICOM Conseil International des Musées >>> site de l’ICOM
Code du patrimoine français
Est considérée comme musée, […] toute collection permanente composée
de biens dont la conservation et la présentation revêtent un intérêt
public et organisée en vue de la connaissance, de l’éducation et du
plaisir du public.
Article L410-1
Fonctions du musée
Le musée se voit attribuer trois fonctions essentielles : collecter, conserver et exposer.
La gestion du patrimoine culturel peut obéit à deux logiques contradictoires :
1- Logique de la collection (Moma -Museum of Modern Art, New-York, par exemple).
Dans cette logique, le musée tente de réunir les œuvres jugées les
meilleures. S’il en possède deux qui ne sont pas excellentes, il peut
s’en séparer au profit d’une seule autre. S’il en possède deux qui sont
redondantes, il en vend une pour en acquérir une autre qui complète la
collection. Dans le jargon des collectionneurs, cela s’appelle un
arbitrage.
2- Logique de la conservation du patrimoine (le Louvre et la plupart des
musées français), moins dépendante des modes mais beaucoup plus
exigeante au niveau des réserves.
Dans cette logique, un musée qui possède une œuvre d’art achetée au gré
des années ne peut plus jamais s’en séparer, que ce soit par don, par
vente ou par destruction.
Musées et autres institutions
FRAC(s)
Les Fonds régionaux d’art contemporain (Frac), sont des collections
publiques d’art contemporain créées en 1982 par Jack Lang (ministre
français de la culture de mai 1981 à mars 1986, puis de mai 1988 à mars
1993) pour permettre à l’art d’aujourd’hui d’être présent dans chaque
région de France.
Ils sont dotés d’un budget fondé sur le principe d’un financement
paritaire entre les régions et l’État (Ministère de la Culture et de la
Communication).
Aborder la question de l’achat public et du soutien au marché de l’art.
Associations loi 1901 mais la collection est quand même inaliénable du fait de son financement par des fonds publics.
Écomusée
La définition de Georges-Henri Rivière
« Un écomusée, ce n’est pas un musée comme les autres.
Un écomusée, c’est une chose qu’un pouvoir et une population conçoivent,
fabriquent et exploitent ensemble. Ce pouvoir, avec les experts, les
facilités, les ressources qu’il fournit. Cette population, avec la
participation de ses forces vives de toutes générations, selon ses
aspirations, ses savoirs, ses facultés d’approche.
C’est un miroir où cette population se regarde, pour s’y reconnaître, où
elle cherche l’explication du territoire auquel elle est attachée,
jointe à celle des populations qui l’y ont précédée, dans la
discontinuité ou la continuité des générations. Un miroir que cette
population tend à ses hôtes, pour s’en faire mieux comprendre, dans le
respect de son travail, de ses comportements, de son intimité.
C’est un musée de l’homme et de la nature. L’homme y est interprété dans
son milieu naturel. La nature l’est dans sa sauvagerie, mais telle
aussi que la société traditionnelle et la société industrielle l’ont
adaptée à leur usage.
C’est un musée du temps, quand l’explication remonte en deçà du temps où
l’homme est apparu, s’étage à travers les temps préhistoriques et
historiques qu’il a vécus, débouche sur le temps qu’il vit. Avec une
ouverture sur les temps de demain, sans que, pour autant, l’écomusée se
pose en décideur, mais en l’occurrence, joue un rôle d’information et
d’analyse critique.
Un musée de l’espace. D’espaces ponctuels, où s’arrêter. D’espaces
linéaires, où cheminer. Un conservatoire, dans la mesure où il aide à
préserver et mettre en valeur le patrimoine de culture et de nature de
la population concernée.
Un laboratoire, dans la mesure où il est matière à études théoriques et pratiques, autour de cette population et de son milieu.
Une école, dans la mesure où il aide à la formation des spécialistes
intéressés à cette population et à son milieu, où il incite cette
population à mieux appréhender les problèmes de son propre avenir. »
Georges-Henri Rivière (1897-1985)
Georges-Henri Rivière a incarné a muséologie contemporaine.
Après un baccalauréat de philosophie, il étudie l’orgue et l’harmonie au « Conservatoire national de musique et de déclamation ». Son oncle, Henri Rivière, peintre connu, lui fait découvrir le monde artistique. À vingt-deux ans, Georges-Henri est organiste en l’église Saint-Louis-en-l’Île, à Paris. Mais la musique sacrée le retient moins que le jazz que découvre l’Europe. En 1924, il participe à la création de la fameuse Revue nègre, produite par Joséphine Baker. Il compose pour elle, travaille aux Folies-Bergères, au Casino de Paris, se lie d’amitié avec Duke Ellington et Sidney Bechet. Familier de ce qu’il appelle la « haute société culturelle et mondaine », ami des surréalistes, il est proche de Georges Salle. Sur les conseils de ce dernier, il entre à l’école du Louvre, puis collabore aux Cahiers d’art de Christian Zervos, qui lui suggère de visiter une exposition d’art précolombien au musée d’Ethnographie du Trocadéro. Son avenir est alors tracé : désormais, il abandonne la musique. En 1928, Georges-Henri Rivière est nommé sous-directeur du musée d’Ethnographie du Trocadéro, auprès de Paul Rivet. Avec celui-ci, il réorganise le musée, créant les départements scientifiques et stimulant ces actions éclatantes que furent les grandes missions, notamment la mission Dakar-Djibouti, et les soixante-dix expositions qui marquèrent la vie de cet ancien « magasin de bric-à-brac » devenu un grand établissement d’enseignement populaire et de recherche scientifique. Les expositions consacrées au Sahara, à l’île de Pâques, à la mission Dakar-Djibouti furent des succès. Ces premières réalisations renforcent sa volonté de parvenir à une véritable reconnaissance des traditions populaires. Il allait alors être l’initiateur puis le conservateur en chef du Musée national des arts et traditions populaires.
On parle aussi de musées communautaires, écomusées, institutions muséales ayant des relations interactives avec les collectivités locales.
Cf le MINOM – Nouvelle muséologie, Mouvement international pour une nouvelle muséologie.
Centre d’interprétation (scientifique)
Un centre d’interprétation est un type de musée dont l’objectif est de
mettre en valeur et d’interpréter un site et son architecture, les
richesses naturelles et culturelles d’un territoire, la mémoire d’un
personnage, ou un sujet scientifique ou technique.
Interpréter, c’est chercher à rendre compréhensible, à traduire, à donner un sens.
« Un Centre d’interprétation est un espace muséographique avec ou sans
collection à visée de mise en valeur et de diffusion d’un patrimoine
singulier impossible à réunir dans un musée classique destiné à
accueillir un large public en recourant de préférence aux affects plus
qu’à la seule cognition. »
S. Chaumier et D. Jacobi, Exposer des idées, Complicités, Paris, 2009.
D’un point de vue historique ce concept dont la théorie a été formulée
par Freeman Tilden en 1957 et qui a fait ses premiers pas aux États-Unis
dans les années 1950, s’est répandu dans les autres pays anglo-saxons
dans les années 1970 puis par la suite dans les pays européens.
Exemples : La Cité du vin à Bordeaux, La Maison du Comté à Poligny dans
le Jura, La Maison du Parc Naturel Loire-Anjou-Touraine, etc.
Conservatoire
Un conservatoire est un lieu, une organisation où l’on maintient « des
choses » matérielles ou immatérielles. Il s’agit selon le cas de musée,
académie, école, institution.
Exemples : Conservatoire du littoral, Conservatoire libre du cinéma français, etc.
Musées de plein air
Exemple 1 : Espaces Naturels de la Mel (à coté de Lille)
25 bâtiments, sauvés de la démolition et réédifiés. Un environnement
de jardins, de vergers, de potagers et de pâtures peuplées d’animaux
entoure ces constructions, aujourd’hui pour la plupart occupées par des
artisans.
Concerts en plein air, contes, ateliers créatifs, et dégustation de
produits régionaux sont proposés. Les mercredis et samedis, des ateliers
parents-enfants permettent d’apprendre en s’amusant. Chaque semaine est
consacrée à un thème différent : découverte des animaux, ateliers de
création artistique avec des matériaux de récupération, peintures
végétales…
Exemple 2 : Musée néerlandais de plein air de Arnhem
60 bâtiments issus de toutes les régions de Hollande, démontés et réassemblés sur place.
Animations nombreuses pour faire revivre certains métiers
http://www.openairmuseum.nl/
Penser également à la question spécifique des musées et des collections d’architecture.
Musée de l’architecture de Franckfort, DAM (Deutsches Architekturmuseum), Oswald Mathias Ungers, architecte, 1983. Bâtiment postmoderne.
Exemple 3 : IBA (Internationale Bauausstellung ou Exposition internationale d’architecture de Berlin, 1987)
Plus récemment, l’arrivée sur le marché de l’art d’éléments d’architecture puis de bâtiments…
Galerie
Lieu, public ou privé, spécialement aménagé pour mettre en valeur et
montrer des œuvres d’art à un public de visiteurs, dans le cadre
d’expositions temporaires. La galerie d’art publique, peut être intégrée
dans une structure institutionnelle comme un musée, ou être un lieu
d’exposition autonome. La galerie d’art privée, destiné à la vente, est
également un lieu d’exposition et de rencontres, la « vitrine » des
marchands d’art.
Voir dans l’article sur la naissance des musées l’importance des galeries au cours de la renaissance.
Galerie virtuelle ou galerie en ligne
Galerie généralement privée (quelque fois coopératives ou associatives) qui ne présente les œuvres des artistes qu’elle représente que sur des sites web. Très fort développement à la suite des deux périodes de confinement de 2020, avec en extension, la mise en œuvre des expositions virtuelles sur le site des institutions fermées pour raisons sanitaires.
Bibliographie
à venir